Quelques années avant ma naissance dans les années 50, mon père connut une étrangère récemment arrivée dans notre village.
Depuis le début, mon père fut subjugué par cette personne, si bien que nous en arrivâmes à l’inviter à demeurer chez nous.
L’étrangère accepta et depuis lors elle fit partie de la famille.
Moi je grandissais, je n’ai jamais demandé d’où elle venait, tout me paraissait évident.
Mes parents étaient enseignants : ma maman m’apprit ce qu’était le bien et ce qu’était le mal et mon père m’apprit l’obéissance.
Mais l’étrangère c’était une conteuse, une enjôleuse.
Elle nous maintenait, pendant des heures, fascinés par ses histoires mystérieuses ou rigolotes.
Elle avait la réponse à tout ce qui concernait la politique, l’histoire ou les sciences.
Elle connaissait tout du passé, du présent, elle aurait presque pu parler du futur !
Elle fit même assister ma famille à une partie de football pour la première fois.
Elle me faisait rire et elle me faisait pleurer.
L’étrangère n’arrêtait jamais de parler, ça ne dérangeait pas ma Maman.
Parfois maman se levait, sans prévenir, pendant que nous continuions à boire ses paroles. Je pense qu’en réalité, elle était partie à la cuisine pour avoir un peu de tranquillité (Maintenant je me demande si elle n’espérait pas avec impatience qu’elle s’en aille.)
Mon père avait ses convictions morales, mais l’étrangère ne semblait pas en être concernée.
Les blasphèmes, les mauvaises paroles, par exemple, personne chez nous, ni voisins, ni amis, ne s’en seraient permis.
Ce n’était pas le cas de l’étrangère qui se permettait tout, offusquant mon père et faisant rougir ma maman.
Mon père nous avait totalement interdit l’alcool. Elle, l’étrangère, nous incitait à en boire souvent.
Elle nous affirmait que les cigarettes étaient fraîches et inoffensives, et que pipes et cigares faisaient distingué
Elle parlait librement (peut-être trop) du sexe.
Ses commentaires étaient évidents, suggestifs, et souvent dévergondés.
Maintenant je sais que mes relations ont été grandement influencées par cette étrangère pendant mon adolescence.
Nous la critiquions, elle ne faisait aucun cas de la valeur de mes parents, et malgré cela, elle était toujours là !
Cinquante ans sont passés depuis notre départ du foyer paternel.
Et depuis lors beaucoup de choses ont changé : nous n’avons plus cette fascination
Il n’empêche que, si vous pouviez pénétrer chez mes parents, vous la retrouveriez quand même dans un coin, attendant que quelqu’un vienne écouter ses parlotes ou lui consacrer son temps libre…
Voulez-vous connaître son nom ?
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Nous l’appelons…
Télévision.
Auteur inconnu.