Je ne sais ni bêcher ni herser ni faucher et je mange le pain que d’autres ont semé mais tout ce que l’on peut moissonner de douceur, Je l’ai semé Seigneur.
Je ne sais ni dresser un mur de bonne pierre ni couler une vitre où se prend la lumière mais tout ce que l’on peut bâtir sur le bonheur, je l’ai bâti Seigneur.
Je ne sais travailler ni la scie ni la laine ni tresser en panier le jonc de la fontaine mais ce qu’on peut tisser pour habiller le coeur, Je l’ai tissé Seigneur.
Je ne sais ni jouer de vieux airs populaires ni même retenir par coeur une prière mais ce qu’on peut chanter pour se sentir meilleur, je l’ai chanté Seigneur.
Ma vie s’est répandue en accords à vos pieds d’humble enfant que je fus, est enfant demeuré et le peu qu’un enfant donne dans sa candeur Je vous l’offre Seigneur.
Maurice Carême.
Photo Michèle Fontaine copyright