Une métaphore sur la solidarité par Marc Fisher : sur son lit de mort, le roi des Scythes réunit ses fils, et leur tendant un faisceau de nombreuses branches, leur demanda de le rompre.
Malgré leur jeunesse, malgré leur vigueur, malgré leur acharnement, nul de ses fils n’y parvint. Le vieux père défit alors le faisceau, et en brisa une à une les branches avec une facilité déconcertante.
Il dit alors à ses fils intrigués: « Tant que vous serez unis, nul ne pourra vous vaincre. Mais le jour où vous ne serez plus solidaires sera le commencement de votre chute. »
Ce conseil vaut, je crois, pour toute entreprise. Mais il vaut aussi et encore plus pour chaque être.
Car c’est connu l’homme est légion.
Nous avons en nous une multitude de personnalités. Et la plupart du temps elles sont contradictoires.
Une partie de nous sait qu’il est mauvais de fumer, qu’un jour nous en contracterons peut-être le cancer (de la bouche, du pharynx, des poumons), et pourtant une autre partie de nous-même ne peut résister à la tentation d’allumer une nouvelle cigarette, même si fumer ne nous apporte pas vraiment de satisfaction…
De même nous souhaitons être mince, par coquetterie, ou par un souci tout légitime de conserver notre santé, et pourtant nous faisons des excès qui compromettent notre idéal… et notre tour de taille !
De manière plus subtile, nous désirons ouvertement le succès, mais lorsqu’une occasion en or se présente enfin, nous faisons tout en notre pouvoir pour la saboter, comme si nous ne nous croyions pas digne de réussir, comme si le succès n’était que pour les autres…
Il faut donc tenter d’être solidaire… avec soi-même!
D’éliminer la partie obscure de nous, la haine, la peur, l’ennui, et faire triompher la lumière qui nous habite, l’amour, la joie dont nous sommes faits: la Vie en somme.
Avoir un idéal, et le garder en tête, malgré les contrariétés, malgré les déceptions, malgré les retards…
Avoir un but et le poursuivre avec volonté, avec patience, avec foi et discipline.
Comme il a été dit des centaines de fois avant moi – ce qui n’enlève rien à la sagesse de cette vérité: « Qui sème une action récolte une habitude. Qui sème une habitude récolte un caractère. Qui sème un caractère récolte un destin ».
« Caractère égale destinée », a dit Héraclite.
Et me rappeler que le bonheur lui aussi est une habitude.
Parce qu’il est un état d’esprit.
Pour être heureux, je dois être solidaire avec moi-même.
Extrait de « Le bonheur et autres mystères », de Marc Fisher
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