Krishnamurti : qu’est-ce que, d’après vous, que le « bonheur » ? certains disent que le bonheur consiste à obtenir ce qu’on désire. Vous avez envie d’une voiture, vous l’avez, et vous êtes heureux ; moi, j’ai envie d’un sari ou de vêtements ; j’ai envie d’aller en Europe, et si j’y parviens, je suis heureux.
Je voudrais être le plus grand homme politique, et si j’y arrive, je suis heureux; dans le cas contraire, je suis malheureux. Ce que vous appelez le bonheur, c’est parvenir à vos fins – obtenir tout ce dont vous avez envie.
Tant que vous désirez une chose et que vous pouvez l’obtenir, votre bonheur est parfait, vous n’êtes pas frustré, mais si vous n’arrivez pas à obtenir ce que vous voulez, alors le malheur commence. Et cela nous concerne tous et pas uniquement les pauvres et les riches.
Pauvres et riches veulent tous obtenir quelque chose, pour leur propre profit, celui de leur famille ou de la société ; mais en cas d’empêchement, d’obstacle, ils sont inévitablement malheureux. Nous ne sommes pas ici en train d’argumenter, de dire que les pauvres n’ont pas le droit d’obtenir ce qu’ils veulent. Là n’est pas la question.
Nous cherchons à savoir ce qu’est le bonheur, et si le bonheur est une chose dont on a conscience.
Dès l’instant où l’on est conscient d’être heureux, ce n’est plus le bonheur, ne croyez-vous pas ?
Il ne faut donc surtout pas courir après le bonheur.
Dès que vous avez conscience d’être humble, vous cessez de l’être. Il ne faut donc pas traquer le bonheur : il vient spontanément. Mais si on court après il vous échappe…