Un poème bucolique de Gérard de Nerval sur les papillons. Ces légers et emblématiques animaux qui illuminent l’été.
Les papillons :
De toutes les belles choses
Qui nous manquent en hiver,
Qu’aimez-vous mieux ?
– Moi, les roses ;
– Moi, l’aspect d’un beau pré vert ;
– Moi, la moisson blondissante, chevelure des sillons ;
– Moi, le rossignol qui chante ;
– Et moi, les beaux papillons !
Le papillon, fleur sans tige,
Qui voltige,
Que l’on cueille en un réseau.
Dans la nature infinie,
Harmonie,
Entre la plante et l’oiseau.
Quand revient l’été superbe,
Je m’en vais au bois tout seul :
Je m’étends dans la grande herbe,
Perdu dans ce vert linceul.
Sur ma tête renversée,
Là, chacun d’eux à son tour,
Passe comme une pensée
De poésie ou d’amour.
Voici le papillon faune,
Noir et jaune ;
Voici le mars azuré,
Agitant des étincelles
Sur ses ailes
D’un velours riche et moiré.
Voici le vulcain rapide,
Qui vole comme un oiseau :
Son aile noire et splendide
Porte un grand ruban ponceau.
Dieux ! le soufré, dans l’espace,
Comme un éclair a relui…
Mais le joyeux nacré passe,
Et je ne vois plus que lui !
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Extrait d’Odelettes’
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