Après 50 ans, Mauricette retrouve son frère, SDF.

Le frère et la sœur, réunis, vont vivre ensemble à Bruyères-et-Montbérault.

LAON (Aisne). Ils ne s’étaient pas vus depuis cinquante ans… Mauricette vient de retrouver son frère, qui vivait dans la rue, à Paris. Elle va s’occuper de lui.«JE suis content. » Dans un murmure, Denis réussit à montrer un peu d’émotion et d’enthousiasme. Il vient de retrouver sa sœur, Mauricette, qui se penche vers lui avec des petits gestes tendres. Cela fait cinquante ans qu’ils ne se sont pas vus.

Et cela fait si longtemps que quelqu’un n’a pas manifesté de l’affection envers cet homme de 80 ans.

Dans de bonnes mains

Pour Mauricette aussi, l’instant est bouleversant. « Tu viens avec moi. Tu es dans de bonnes mains maintenant », lui dit-elle. Cette femme élégante et cultivée, qui habite à Bruyères-et-Montbérault, n’avait jamais pu avoir de nouvelles de ce frère disparu dans les années soixante, dans la région parisienne, après un accident grave.
Denis, alors âgé de 28 ans, était tombé d’une fenêtre et s’était grièvement blessé. Il est devenu fragile physiquement et intellectuellement. Il a vécu pendant un temps de petits boulots, puis il n’a plus donné signe de vie. « Il est devenu clochard », dit Mauricette qui n’aime pas les fioritures de langage.
Denis a donc passé toutes ces années dans la rue et de foyer en foyer. Dans celui de Nanterre, il s’est fait détrousser à plusieurs reprises, perdant ses maigres souvenirs empaquetés dans des cabas. Dernièrement, il préférait dormir sur un banc, à Paris. C’est là qu’un habitant du quartier a pris pitié de ce vieil homme tremblant de froid. Denis lui a parlé de sa sœur. Le Parisien a réussi à retrouver Mauricette pour la prévenir de la situation périlleuse de son frère.

Il n’a plus que moi

Elle-même a 70 ans et ne se déplace pas aussi facilement qu’elle le voudrait. C’est finalement à la gare de Laon que le vieil homme a été pris en charge par les pompiers puis par l’Aftam qui a pu, à son tour, faciliter les retrouvailles.
Dans les locaux de cette association, le contact a été rétabli entre le sans-domicile et la vieille dame, sous les yeux d’éducatrices retenant leurs larmes. Mauricette a décidé de prendre soin de son frère et de lui concocter une vieillesse pleine de douceur. Son mari n’est plus là et ses enfants sont loin. Elle regarde son frère avec tendresse. « Il n’a plus que moi. » Elle va pouvoir s’occuper pleinement de Denis en espérant qu’elle sera aidée, car elle-même n’a pas une santé de fer.
Pour le moment, Mauricette affiche un large sourire. Elle sait désormais que son frère ne finira pas ses jours sous une porte cochère, dans un courant d’air.
Marie-Christine LARDENOIS pour http://www.lunion.presse.fr
Avec son autorisation pour le Jardin de Joéliah.