Voici une belle histoire entre un homme et un chat qui permet de réfléchir sur la connexion d’âme à âme et l’inter connectivité de tout ce qui est.
Stéphane !: j’ai reçu un énorme cadeau de Koumba. Il faisait partie de la dernière portée de Nana.
Ils étaient 6 ou 7 frères et soeurs . Nous étions en 2003.
J’ai décidé de prendre l’un d’entre eux, et je me souviendrai toute ma vie que c’est lui, avec son collier en coton orange, qui s’est approché de moi quand il s’est agi que j’en choisisse un.
Je n’avais rien choisi. C’est lui qui m’avait choisi.
Il avait à peine trois ou quatre mois.
Lui qui n’avait connu que mon appartement de Clichy, il a découvert la campagne quand j’ai choisi de vivre avec Sylvie dans sa maison.
Koumba s’est habitué aux lieux pour rapidement se les accaparer et devenir le « chef » du coin.
Et quand nous avions déménagé en 2007 à peine quelques centaines de mètres plus loin dans une autre maison, impossible pour lui de s’habituer aux nouveaux lieux. Il s’est enfui.
J’ai attendu 10 jours avant de partir à sa recherche.
La première fois que je suis allé le rechercher, il m’a poussé à faire travailler ma télépathie. Je lui avais donné rendez-vous en un certain endroit, à une certaine heure, et à ma grande surprise, il était là.
J’en avais été ému aux larmes. Il était au rendez-vous.
Je l’ai alors récupéré, dans l’espoir qu’il comprendrait, que sa nouvelle maison avait changé de place. Mais c’était en réalité à moi de comprendre autre chose.
Je l’ai enfermé dans la maison pendant trois semaines dans l’espoir qu’il s’acclimate aux nouveaux lieux.
Je faisais attention que personne ne sorte sans fermer la porte, je demandais à ce que chacun dans cette maison veille à ce que Koumba ne sorte pas, que les fenêtres restent bien fermées.
Avec quatre enfants à la maison, autant dire que c’est vite devenu invivable.
D’autant que pendant trois semaines il a fait des dégâts dans la maison, il faisait pipi partout où il pouvait.
Mais je ne voulais rien entendre.
Au bout de trois semaines, à mon grand désarroi, Koumba s’est à nouveau enfui.
Je me suis dit que cette fois, il reviendrait, qu’il avait compris.
Au bout de 10 jours, ne voyant rien arriver, je lui ai de nouveau donné rendez-vous pour le récupérer, je ne voulais pas que nous soyons séparés.
Je suis alors parti le rechercher une seconde fois.
Je pensais qu’il était perdu, qu’il ne trouvait plus le chemin de la nouvelle maison (pourtant il trouvait parfaitement le chemin pour retourner là où il avait découvert la campagne).
Ce petit manège a ainsi recommencé 3 fois, 4 fois, 5 fois.
Et puis un matin, je l’ai regardé dans les yeux et je lui ai dit que je ne viendrais plus le rechercher, que j’avais compris son choix.
J’avais compris qu’il était libre, qu’il ne m’appartenait pas.
J’en avais le coeur dévasté mais j’avais compris qu’il avait conquis son territoire là-bas, quelques centaines de mètres en contre bas.
Il me faisait comprendre que la séparation n’existe pas.
La séparation n’existe pas.
Tu te rends compte ? Je me souviens de Koumba, à la fenêtre de mon appartement de Clichy. Koumba à la fenêtre de la cuisine, qui regardait en miaulant deux pigeons qui se bécotaient sur un fil électrique à l’extérieur.
Il n’avait connu que la vie en appartement et il rêvait de savoir ce qui se passait à l’extérieur.
Alors un jour de juillet 2008, je me suis installé dans un transat, dans le jardin, et je l’ai laissé sortir de la maison. Il est venu sur mes genoux, il ronronnait. On s’est fait des gros câlins.
J’adorais passer ma main dans ses poils, le caresser à rebrousse poils, lui gratter la panse.
J’adorais sa densité, son épaisseur, sa carrure, sa prestance.
Je me suis assoupi avec Koumba sur mes genoux. Et quand je me suis réveillé, il était parti.
Pendant deux ans, je me suis demandé ce qu’il était devenu, s’il était heureux, s’il était seulement encore en vie.
Parfois, souvent, je culpabilisais de l’avoir « abandonné ».
Je recevais bien des messages en rêve me disant qu’il était heureux, que j’avais fait le bon choix, mais je n’y croyais pas trop.
Pendant deux ans, quand je lui donnais rendez-vous, il ne répondait plus à mes appels.
J’avais beau me dire que ce que j’avais fait était juste, que je lui avais rendu sa liberté, j’avais des doutes. Je me disais qu’il était sans doute heureux. Sans doute…
Repasser dans son quartier me déchirait gentiment le coeur, jusqu’à ce que ça fasse de moins en moins mal à force d’y passer.
Je m’étais habitué à l’idée que Koumba était là, quelque part.
La femme de son vétérinaire, médium, m’avait même dit qu’il avait l’énergie d’un petit chevalier, qu’il partait en quête d’aventures dans les parages, qu’il était heureux, à sa place. Alors ça m’a conforté dans la décision de l’avoir lâché.
En décembre dernier, j’ai déménagé, Sylvie et moi avons décidé de vivre séparément. J’ai choisi de prendre un appartement près de Versailles, à plus de 70 km de l’ancienne maison que nous partagions ensemble. Je me rapprochais ainsi de mes enfants et de Paris, où j’aurais plus de chance de retrouver du travail.
Et puis un matin, le matin du 8 avril dernier, précisément le jour de mon anniversaire, je me suis rendu « par hasard » dans notre ancienne maison car j’avais des affaires à venir chercher qui traînaient dans le garage. Je récupère ces affaires et en partant, j’emprunte le chemin qui mène au « quartier » de Koumba.
Et là… à ma plus grande surprise, qui je vois devant l’entrée d’une maison ?
Koumba !
Je descends de voiture, je l’appelle et tout de suite il miaule.
Je m’approche de lui, il vient se frotter contre mes jambes en ronronnant.
Il est en parfaite santé, apparemment bien nourri, plus costaud que jamais.
Je le prends dans mes bras, je le caresse, je lui fait des papouilles, je murmure son nom. Je suis ému aux larmes, mon coeur explose de gratitude, de joie, d’émerveillement.
Nous sommes restés quelques longues minutes ensemble.
La tentation était très grande de l’embarquer avec moi.
Mais il m’a « parlé ». Je l’entendais qui me disait : « Tu as fait le bon choix en me laissant partir. Je suis là. Merci de m’avoir laissé partir. Merci. Mais tu devrais faire plus confiance quand je t’envoie des messages. Souviens-toi que la séparation n’existe pas. Fais confiance à ce que tu ressens dans ton coeur. »
Alors je l’ai serré fort contre moi une dernière fois et je suis parti, les yeux remplis de larmes et le coeur rempli de gratitude.
Stéphane.