L’ascension consciente et maitrisée de Novak Djokovic

Transmis par Joeliah le 9 - décembre - 2012

Un modèle d’esprit positif et concret : ce tennisman de talent explique en détail comment il a réussi à concrétiser son rêve d’enfant en le tenant éveillé chaque jour et en modifiant consciemment son comportement. Notez comment il analyse soigneusement sa façon d’être et l’oriente positivement :

Extrait du l’édition du Red Bulletin de Juillet 2012 par Jörg Allmeroth :

L’ascension de Novak Djokovic au ­sommet du tennis mondial est aussi ­exceptionnelle que rude. Son premier coach, Jelena Gencic, lui enseigne non seulement la prise marteau mais l’initie aussi à la musique classique et à la ­poésie. ­Pendant les raids de la guerre des Balkans, Nole passe ses nuits dans un abri anti-aérien et quelques heures par jour sur un court. Lorsqu’il devient le plus jeune joueur à intégrer le top dix ­mondial, une mutation sportive ­s’impose. Elle s’avère nécessaire afin de dominer le duo Federer-Nadal, comme ce fût le cas depuis l’été 2011. Voici le vrai Novak Djokovic dans un entretien réalisé avant sa défaite en ­finale de Roland-Garros le mois ­dernier face à Rafael Nadal.

The Red Bulletin : Le 4 juillet 2011, vous devenez numéro un mondial. Vous faites partie des 25 joueurs qui ont connu cette sensation. Qu’avez-vous ressenti ?

Novak Djokovic : Je ne me réveille pas tous les matins en me répétant : « T’es un gars génial, tu es le numéro un. » C’est plutôt un sentiment de profonde satisfaction. Vous continuez à vivre avec la conscience d’avoir réalisé le plus grand souhait de votre vie. J’ai concrétisé un rêve qui est le mien depuis l’âge de quatre ans.

* Déjà à quatre ans, votre rêve d’enfant était de devenir le meilleur joueur de tennis au monde ?

Mais ce n’est pas un simple rêve d’enfant. Dès ce moment-là, je conçois déjà la place de numéro un comme un objectif vers ­lequel on progresse par le travail.

* Vous débarquez au pire moment pour accomplir cette mission. À vos 18 ans, Roger Federer et Rafael Nadal ­entament à peine une période de ­domination jusque-là inégalée. Des 28 tournois du Grand Chelem disputés entre 2004 et 2010, Federer en ­remporte 15 et Nadal 10…

Cela décuple ma satisfaction. Je savais que tout le monde pensait alors qu’il était impossible d’être meilleur que Roger et Rafa. J’ai réussi l’impossible.

* Regardons de plus près le film de cette prise de pouvoir et revenons quatre à cinq années en arrière. Vous avez 20 ans, vous intégrez le top dix mondial dont vous êtes le plus jeune membre et faites déjà couler beaucoup d’encre. Vous voulez poursuivre votre marche vers le sommet mais, tout là-haut, il y a deux des plus grands ­athlètes que ce sport ait jamais connu. Et les deux vous battent dans des matches capitaux. Êtiez-vous anéanti ?

Et comment ! Vous vous souvenez quels sont mes objectifs à l’époque : remporter des tournois du Grand Chelem et devenir numéro un mondial. Honnêtement, avez-vous cru en moi ?

… Peu y croyaient.

Et à juste raison. Je voulais être au ­sommet et remporter des titres du Grand Chelem mais je n’y croyais pas moi-même. Quand, sur le court, je me retrouvais face à Roger et Rafa, je n’étais pas convaincu à 100 % de pouvoir les battre. Mon respect à leur égard était bien trop grand pour y parvenir.

* Comment vous êtes-vous libéré de ce trop-plein de respect ?

Cela n’arrive pas du jour au lendemain. Ça a été un processus long et difficile. J’étais conscient que seule une transformation professionnelle radicale me ­permettrait de poursuivre ma route vers le sommet.

* Vous avez 20 ans, vous êtes le plus jeune des meilleurs mondiaux, et vous voulez bazarder tout ce qui vous a ­permis d’arriver jusque-là ?

Je n’avais pas le choix. Je parle de battre Roger et Rafa, pas n’importe qui. Pendant les années qui ont suivi, j’ai presque tout modifié. J’ai réalisé que la réussite dans le tennis moderne ne pouvait pas être l’affaire d’un seul homme. Je me suis entouré de toute une équipe : entraîneur, physiothérapeute, nutritionniste, préparateur physique. Je me suis entraîné plus dur et, surtout, avec davantage de concentration. J’ai réorganisé ma saison. Et j’ai changé entièrement mes habitudes alimentaires. Grâce à une alimentation sans gluten, ma condition physique s’est stabilisée et a apporté à mon niveau de jeu une constance toute nouvelle. Je ne subissais plus ces ­infections qui m’obligeaient souvent à l’abandon lors des tournois majeurs.

* Vous cessez à ce moment-là d’être le boute-en-train du circuit. Dans les premières années de votre carrière ­professionnelle, vous faites des ­imitations très appréciées de Maria Sharapova, Rafael Nadal, Andy Roddick notamment. Qu’est-il arrivé au Novak Djokovic surnommé « Le Djoker » ?

* Tout ça devenait moins spontané. J’allais à un tournoi et tôt ou tard, un journaliste me demandait d’imiter pour eux, Nadal ou Sharapova. Je me suis dit qu’il était temps de mettre fin à la plaisanterie.

* Il n’y a pas de place pour l’humour dans le tennis ?

Je suis toujours le même, c’est-à-dire tout sauf très sérieux. Tourner une pub décalée ou rigoler avec des amis sont toujours des composantes de mon caractère. Mais la plaisanterie ne doit pas se faire aux ­dépens d’autrui.

Lisez tout l’article dans l’édition de Juillet 2012 du Red Bulletin.

Photo du net.