Les deux moines et la jeune femme

Transmis par Joeliah le 26 - juillet - 2013

Deux moines, l’un jeune, l’autre vieux, robes safran, crânes rasés, sandales aux pieds nus, rentrent en leur couvent un beau soir d’été.

« Notre journée a été longue et fatigante, frère Ushi, dit le plus jeune, mais nous avons bien honoré Bouddha, et récolté en mendiant notre content de riz et de pièces de cuivre. Le maître nous félicitera certainement ! »

« Oui…, fait distraitement le moine plus âgé, et il ajoute avec bonté : ne soyez pas inquiet, frère Toshibu, le maître apprécie votre zèle. »

20772546_sLes saints hommes poursuivent leur voyage en silence. Soudain, au détour du chemin, une rivière barre la route. Sur le bas-côté, une jeune femme séduisante aux vêtements coûteux est assise sur une grosse pierre, et semble attendre du secours. Ni barque, ni passeur.

Le moins plus âgé, avec simplicité, prend la femme dans ses bras et lui fait traverser la rivière sans qu’elle se mouille le bout des souliers. La délicieuse créature le remercie d’un sourire et s’en va.

Les deux moines continuent leur chemin. Long silence. Brusquement, n’y tenant plus, le jeune moine s’écrie : « Frère Ushi ! Ne savez-vous pas que la règle nous interdit strictement tout contact et tout commerce avec les femmes ! ».

Le vieux moine poursuivit son chemin sans répondre.

« Frère Ushi ! dit le jeune moine, qui s’échauffe, comment avez-vous pu porter dans vos bras une femme belle et parfumée, et lui faire traverser la rivière ? »

« Frère Toshibu, dit le vieux moine. Serait-ce que vous sentez encore le poids de cette femme ? Il y a pourtant longtemps que nous l’avons laissée derrière nous ! »

Conte Zen « Chao-Chou » – Les plus beaux contes Zen d’Henri Brunel aux éditions Points.

Et vous, gardez-vous longtemps en action ce qui est fini ? Savoir lâcher ce qui n’est plus est un grand cadeau pour développer la neutralité.
*******
Image Copyright (c) 123RF Stock Photos