François avait vécu une vie raisonnablement réussie. Il avait peu de choses à se reprocher. Il avait été plutôt bon et heureux finalement. Aussi quand il mourut, il fut accueilli directement au paradis par un groupe d’anges.
Avant de l’emmener retrouver des êtres chers arrivés ici avant lui, ces anges lui firent visiter ce qu’ils appelaient “son domaine”.
Il s’approcha et vit différentes pièces qu’il put parcourir librement. Dans chacune, il trouva un écran sur lequel défilaient des scènes de sa vie. Il les percevaient de l’extérieur, comme détaché… et il avait accès en même temps aux pensées et aux émotions des personnes avec lesquelles il avait interagi.
Une grande lumière se fit en lui : soudain, il comprit tous ces gens qui lui avaient souvent paru mystérieux et il put mesurer l’impact de ses actions et de ses paroles.
Il s’aperçut qu’il avait parfois blessé alors que son intention était d’aider. Qu’il avait parfois fait du bien sans le vouloir réellement.
Il réalisa à quel point il avait été souvent inattentif à ce qui se passait autour de lui. Et combien les choses auraient pu être plus faciles s’il avait été plus à l’écoute. Il ressentit un peu tristesse mêlée de regrets devant la disparition de ses illusions.
Alors qu’il songeait à la difficulté d’évaluer les situations et les humains, il arriva devant une porte verrouillée sur laquelle son nom était inscrit. Il appela un ange pour lui demander ce qui se trouvait derrière cette porte et s’il pouvait y accéder… mais l’ange le lui déconseilla.
François, intrigué et un peu craintif, insista. Se pourrait-il qu’il se soit trompé encore plus grandement que ce qu’il croyait ? Qu’y avait-il derrière cette porte ?
Il insista encore et l’ange finit par sortir ses clés et ouvrit la mystérieuse porte.
Ce que François découvrit alors le laissa sans voix.
Dans cette pièce, se trouvait un écran sur lequel défilaient des scènes de bonheur inouï, des paysages somptueux dans lesquels il se promenait. Il vit des monuments incroyables dont il était l’architecte – dans sa vie terrestre, il avait exercé ce métier mais ne s’était jamais senti capable de réaliser de grands projets-. Il vit aussi des chantiers dont il était le maître d’oeuvre et sur lesquels les gens travaillaient en étant pleinement heureux.
Il vit des richesses incroyables. Et des moments de joie et d’amour si purs et si intenses qu’il en fut bouleversé.
L’ange le regarda avec douceur. Les idées se bousculaient dans l’esprit de François… il pensa qu’on lui montrait tout ceci pour qu’il réalise à quel point il n’avait pas été assez “bien” pour le mériter. Il pensa qu’il ne s’était sans doute pas donné assez de mal… toutes ces richesses lui apparaissaient comme un reproche, comme un doigt pointé sur ses failles.
L’ange plongea ses yeux dans les siens, intensément. Son regard était plein d’admiration et d’amour. Jamais un tel regard ne s’était posé sur lui. Jamais il n’avait ressenti à quel point il était digne d’être aimé.
Alors il comprit.
Tout ce qui lui était présenté là, c’est tout ce qui avait été à sa disposition lors de son passage sur terre pour son plaisir et sa jouissance. Mais il n’y avait pas eu accès… pour une seule et unique raison : il n’avait pas cru assez en sa propre valeur.
Il ne s’était pas aimé suffisamment. Il aurait suffi qu’il pense mériter tout cela pour que ces richesses se matérialisent dans sa vie. Il aurait suffi qu’il reconnaisse sa propre valeur.
Source : http://www.aimer-la-vie.com/
Image : Mario Duguay