Il y a autant de plaisir à donner qu’à recevoir…
Il était une fois, au fond des bois, une petite fée qui s’appelait Manon.
Elle vivait là dans une jolie petite cabane recouverte de mousse et de lierre, une jolie cabane toute verte … toute verte et toute pleine.
Manon adorait ramasser des jolies choses dans les bois.
Des racines toutes tordues, des fleurs séchées, de jolis marrons tout brillants et bien d’autres choses encore. Comme tout ça ne suffisait pas, Manon adorait récupérer chez des amis tout ce qui ne servait pas : de vieilles machines à coudre, de vieux livres ou de vieux cadres.
« Ce sont mes trésors ! » disait-elle en parlant de tout ce bric-à-brac.
Bref, quand on entrait chez Manon la fée, on se demandait comment autant de choses pouvaient tenir dans une si petite cabane.
Si Manon avait beaucoup d’objets chez elle, en revanche elle ne savait pas donner.
Elle entassait, gardait et ne se séparait jamais de rien.
« Tu devrais donner tes vieilles racines à Timothée le sculpteur, lui dit un jour Henriette la chouette. Il en aurait bien besoin, et ça lui ferait plaisir. »
« Ah non alors ! s’exclama la petite fée.
Mes racines jolies, je les ai ramassées. Elles sont à moi ! »
« Mais à quoi te servent-elles ? »
« A rien, mais elles sont à moi ! » répondit la fée entêtée.
Un jour, alors qu’elle se promenait près de l’étang, la petite fée vit un très joli chapeau.
« Quelqu’un a dû le perdre. Je ne mets jamais de chapeau, mais je vais le prendre, il est tellement beau. »
Elle se dirigeait vers sa trouvaille quand Lili la naïade arriva près du chapeau.
« Oh ! C’est exactement ce qu’il me faut pour ne pas avoir de coups de soleil. Il est parfait ! » s’écria-t-elle.
Lili mit le chapeau sur sa tête et soudain vit Manon.
« Il est vraiment joli, dit la fée. Veux-tu me le donner ? »
« Ca te ferait plaisir ? » demanda Lili.
« Oh oui ! »
« Alors prend-le. » La naïade avec un grand sourire lui tendit le chapeau et disparut dans l’eau.
Une heure plus tard, Henriette rencontra Manon assise sur un tronc, regardant son chapeau.
« Que fais-tu là ? demanda la chouette. Tu as l’air bizarre. »
« Lili m’a offert ce chapeau. Elle en avait besoin mais sans hésiter elle me l’a donné ! Elle n’a même pas attendu que je la remercie » murmura la fée.
« Et je suis sûre qu’elle était heureuse de le faire, » dit Henriette tout doucement.
« Oui, elle souriait alors qu’elle se séparait de ce qu’elle venait de trouver. »
« Quand on donne pour faire plaisir on est vraiment heureux. »
« Oui, mais elle aimait ce chapeau ! »
« C’est encore mieux de donner quelque chose qu’on aime à quelqu’un qu’on aime tu devrais essayer ! »
Henriette s’envola et Manon resta là, toute songeuse sur son drôle de banc.
Elle réfléchit, soupira, se leva et se dirigea vers sa cabane en murmurant :
« Bon, je vais essayer … »
Elle prit sa plus belle ombrelle et un sac plein de choses biscornues et partit vers l’étang.
Là, elle posa l’ombrelle à l’endroit même où se trouvait le chapeau quelques heures plus tôt puis partit.
Elle se rendit alors chez Timothée le sculpteur et lui tendit le sac.
« Tiens, c’est pour toi. Je crois que ça te fera plaisir. »
Le sculpteur prit le sac, l’ouvrit et découvrit quelques racines tordues.
« Oh ! Elles sont parfaites ! s’écria-t-il avec joie. Il y a longtemps que j’en cherche d’aussi belles ! »
« Si tu en veux d’autres, n’hésite pas, j’en ai encore beaucoup. »
Et sans attendre, Manon partit.
« Je ne savais pas que donner rendait tellement heureux, se dit la fée.
J’avais des tas de choses inutiles chez moi.
Maintenant j’ai plein de cadeaux pour mes amis ! »
Aline de Pétigny
Editions pour penser à l’endroit
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