Nous rencontrons parfois par hasard un maître, un jour…
Un homme, qui habitait la banlieue d’une grande ville moderne craignait les voleurs. Il avait fait blinder sa porte.
Comme il redoutait aussi les agressions, il ne sortait jamais de chez lui la nuit tombée.
Il avait peur des incendies, était très prudent et avait sagement contracté une bonne assurance.
Il s’inquiétait aussi des accidents et, pour en réduire l’éventualité, avait toujours refusé de passer l’examen du permis de conduire.
Il était terrifié à l’idée qu’il pourrait un jour tomber malade, aussi allait-il régulièrement consulter son médecin.
Il s’inquiétait de la pluie et de la sécheresse, de l’immigration et du chômage, de la crise économique, de l’inflation, de la déflation et de la corruption…
Il avait peur de tout : de la faim, du froid, de la misère… et de la mort aussi, bien qu’il pratiquât sa religion avec diligence et assiduité et qu’il ne fît rien qui put catégoriquement contrarier Dieu. Pour lui, tout était source d’inquiétude.
Il prenait les bonnes nouvelles pour les prémisses des mauvaises, et les mauvaises nouvelles pour la confirmation de ses soupçons.
Un jour, cet homme-là fit une chute dans la rue et se foula la cheville. Rien de bien grave.
On le conduisit chez le médecin le plus proche. Celui-ci lui prodigua les premiers soins, mais il devina aussi l’état général d’anxiété de ce patient. Sur le seuil de son cabinet de consultation, en lui serrant la main, il le retint un instant et lui dit :
« N’ayez pas peur de demain, hier était supposé être tout aussi dangereux. »
« Tu ne peux pas empêcher les oiseaux du malheur de voler au-dessus de ta tête, mais tu peux les empêcher de faire leur nid dans tes cheveux ». Proverbe chinois.
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