Quelles que soient les religions, la prière tient un rôle important. C’est elle qui relie au soi profond, à la source de tout ce qui est, quel que soit le nom donné à cette source.
La prière est un moment de paix et de centrage profond, que rien ne devrait perturber.
Voici une petite histoire qui fait réfléchir.
Comment réagissons-nous lorsque nous sommes dérangés pendant une prière ou une méditation ? :
L’empereur mongol Akbar chassait un jour dans la forêt.
L’heure venue pour la prière du soir, il descendit de cheval, étendit un tapis sur le sol et s’agenouilla pour prier, comme font partout les musulmans dévots.
Or, juste à ce moment, une paysanne toute bouleversée par la disparition de son mari, parti ce matin-là et pas encore revenu, passa par là à toute vitesse, cherchant anxieusement son mari.
Dans sa préoccupation, elle ne remarqua pas la forme agenouillée de l’empereur et buta contre lui, puis se releva et, sans un mot d’excuse, continua sa course dans la forêt.
Akbar fut agacé par cette interruption.
Comme, tout de même, c’était un bon musulman, il observa la règle qui défend de parler à qui que ce soit durant le namaaz.
Mais, juste au moment où sa prière prenait fin, la femme revint toute joyeuse en compagnie de son mari retrouvé.
Elle fut surprise et effrayée d’apercevoir là l’empereur et son escorte.
Akbar donna libre cours à sa colère et lui cria :
« Expliquez votre comportement irrespectueux ou je vous fais châtier . »
La femme perdit soudain toute sa peur, regarda l’empereur dans les yeux et dit :
« Majesté, j’étais tellement absorbée dans la pensée de mon mari que je ne vous ai pas vu ici, même pas lorsque j’ai buté contre vous.
Mais vous, quand vous étiez au namaaz, vous étiez absorbé en quelqu’un de bien plus précieux que mon mari comment se fait-il que vous m’ayez remarquée ? »
L’empereur, honteux, se tut ; et plus tard, il confia à ses amis qu’une paysanne qui n’était ni lettrée ni mullah lui avait enseigné le sens de la prière.
Source : Anthony de Mello
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